Colloque : Prise de conscience dans la situation de l'enseignement : corps, geste et parole

dates:  -
lieu:  Université Paris-Est Créteil

Bernard Andrieu, Directeur du laboratoire « Techniques et Enjeux du Corps » (TEC), Université Paris Descartes


mercredi 25 mai 2016, 9h30-10h30


Sentir son corps vivant : une écologie de l’intercorporéité dans la classe

L’émersiologie du corps capacitaire ne cherche pas à combler l’écart et la discontinuité entre le corps vivant et le corps vécu. Non seulement parce qu’ontologiquement la conscience est en retard sur son corps vivant par l’avance adaptative de nos systèmes intéroceptifs et extéroceptifs. Mais aussi en raison de l’écologisation dynamique du corps vivant dans l’intercorporéité qui répond plus rapidement que notre conscience aux nécessités de l’action motrice. En prêtant une attention au vivant, extérieur, le cosmos et la nature 
et intérieur notre bios et les sensations internes, les sciences du vécu viennent renouveler leur méthode depuis 1990 en intégrant l’écologie corporelle comme un mode d’accueil et de connaissance de la présence du monde et du présent.

Emmanuelle Maitre de Pembroke, Maitre de conférences, ESPÉ de l’académie de Créteil/Université Paris-Est Créteil (UPEC)


mercredi 25 mai 2016, 10h30-11h30


L’écoute sensible : accompagner à la prise de conscience du geste et de la parole

Acquérir des savoir-faire professionnels ne relève pas de savoirs théorisés. 
Les gestes réussis sont incorporés et cette mémoire du corps rend leur mobilisation naturelle et appropriée aux situations. Ces gestes véhiculent du sens et expriment les valeurs accordées à l’élève et à la relation pédagogique. Présence, intuition, charisme, capacité à s’ajuster aux élèves sont des signes d’expertise professionnelle. Aborder ce sujet si essentiel en termes de climat de classe est difficile car ces savoirs incorporés, ainsi que leur contenu de sens, passent souvent en deçà de notre conscience. Cette conférence présente deux recherches documentant ces micro-composantes du geste. L’une a été menée auprès d’enseignants, l’autre auprès de conseillers pédagogiques. Les résultats éclairent les questions de posture, d’ajustement, de qualité relationnelle. Des traits particuliers se dégagent de « l’écoute sensible », articulant verbal et non verbal, mobilisant une palette de sensorialités, tissée de finesse perceptive et de congruence. Nous verrons les retours de ces travaux sur des contenus de formation.

Anne Jorro, Directrice du laboratoire « Centre de Recherche sur la Formation » (CRF), CNAM


mercredi 25 mai 2016, 14h30-15h30


Postures et gestes professionnels en contexte sensible

L’activité professionnelle de l’enseignant en contexte sensible mobilise des savoirs tacites qui relèvent pour une part de la mobilisation de postures et
 de gestes professionnels, pour une autre part des significations accordées à l’expérience d’enseignement. Dans notre intervention, nous souhaitons éclairer la question de la place de l’enseignant dans la classe, sa façon d’agir en tension et d’interagir avec des élèves peu captifs de la forme scolaire ou ayant un rapport instrumental aux savoirs. Comment s’y prennent deux enseignants en situation d’enseignement disciplinaire et quelles réflexions suggèrent leurs pratiques pour la recherche. L’approche par les postures et les gestes professionnels constitue une voie d’analyse qui sera présentée et questionnée.

Catherine Gueguen, Pédiatre à l’Institut franco-britannique


Jeudi 26 mai 2016, 9h15-10h15


Repenser l’éducation à la lumière des neurosciences affectives et sociales

Les relations que l’enfant vit ont une influence extrêmement importante
 pour son devenir. Durant ses premières années de vie le cerveau de l’enfant est particulièrement fragile, immature et malléable expliquant les véritables tempêtes émotionnelles qui peuvent le submerger. Il n’est pas capable de réguler ses émotions ni de s’apaiser seul. L’ambiance dans laquelle l’enfant est élevé, à la maison, à l’extérieur, ses expériences relationnelles remanient son cerveau en permanence, et jouent un rôle essentiel sur le développement de ses aptitudes affectives et intellectuelles. Quand les adultes comprennent la fragilité émotionnelle de l’enfant et sont soutenants, aimants, bienveillants, ils aident son cerveau à maturer et très progressivement l’enfant régulera mieux ses émotions. A l’inverse, une attitude dure, rigide, des humiliations verbales, physiques, tout ce qui fait peur, stressent l’enfant, freinent
 le développement global de son cerveau intellectuel et affectif et peuvent entrainer des troubles du comportement : anxiété, agressivité, dépression.

 

Joëlle Aden, Professeure des Universités, ESPÉ de l’académie de Créteil/ Université Paris-Est Créteil (UPEC)


Jeudi 26 mai 2016, 14h-15h


Apprendre, c’est enacter le monde

Pourquoi interroger aujourd’hui le rôle des gestes associés à la parole dans
 la pratique enseignante ? Parce que les avancées des neurosciences, de la psychologie cognitive, de la biologie, de la philosophie, de la linguistique, nous invitent à redéfinir l’acte d’apprendre dans une nouvelle matrice conceptuelle transdisciplinaire.

« C’est l’action conjointe du corps et du cerveau dans un milieu et dans une culture donnée qui détermine les formes symboliques du savoir » nous rappelle Francisco Varela, c’est-à-dire que tout ce que nous concevons mentalement s’organise à partir du couplage de nos actions et nos perceptions dans le monde et « tout ce à quoi on donne le nom d’objet – une table, des chaises, des gens, des visages, etc. – est entièrement dépendant de cette constante prise sensorimotrice » (idem). Parallèlement, nous savons qu’« aucune cloison ne sépare nos émotions de nos raisonnements, de nos idées, de 
notre imagination, de nos ordres moteurs, de nos sensations, de nos peurs » (Trocmé-Fabre). Ainsi, nous énactons notre connaissance du monde dans nos relations au monde, aux autres et à soi-même en langageant. Nous verrons que le langage est une matrice complexe comprenant des mécanismes invisibles d’accordage, de résonance, de mimétisme et d’empathie qui permettent l’émergence des langues. Il n’est plus possible d’ignorer les fondements biologiques de la connaissance et le changement de paradigme que cela implique dans notre compréhension de l’acte d’enseignement.

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