Date: 27 octobre 2014
Lieu: Montpellier, Université Paul Valéry
Séminaire dirigé par Jean-Noël Laurenti (CESR, Tours) et Bénédicte Louvat-Molozay (IRCL, Montpellier)
Lundi 27 octobre 2014
Pratiques nationales et influences étrangères : les cas italien et anglais
Université Paul-Valéry – Montpellier 3. Site Saint-Charles
Programme de la journée:
Salle des colloques 2
8h45 Accueil des participants
9h Ouverture
9h15 Laurence Marie (New-York) : « Avant Garrick, les premiers modèles du jeu naturel : action anglaise, improvisation italienne, simplicité de Baron et de Lecouvreur »
9h45 Claude Bourqui (Un. de Fribourg) : « La scena di notte et la pratique des comédiens français à l’époque de Molière »
10h15 Emanuele de Luca (Un. de Paris-Sorbonne) : « Geste, voix, danse, chant : le jeu “simple et naturel” des comédiens italiens à Paris et son influence sur le jeu français au XVIIIe siècle »
11h pause
Salle de répétition
11h15-13h atelier 1 (Claude Bourqui et Emanuele de Luca) : l’influence italienne sur la dramaturgie et le jeu français
14h15-16h30 atelier 2 (David Wiles et Nora Williams, Un. d’Exeter) : « Coriolan/Coriolanus : differences and similarities »
16h30 pause
16h45 Franck Salaün (IRCL, Un. de Montpellier 3) : « Garrick ou les acteurs anglais au temps de Diderot »
Avec le soutien de : l’Institut de Recherche sur les Classicisme et les Lumières ; l’Université Paul Valéry ; l’Institut Universitaire de France
Présentation des ateliers
Atelier 1 (11h15-13h) : l’influence italienne sur la dramaturgie et le jeu français
1) autour de Molière
On sait que le jeu des comédiens dell’arte exerce une influence sur la pratique de leurs homologues français à partir de la seconde moitié du XVIIesiècle. Molière lui-même est redevable à Scaramouche et à ses pairs. Mais comment retrouver les traces de cet art disparu, sachant qu’on ne sait rien ou presque rien du jeu italien de la première modernité et que le travail des metteurs en scène contemporains se fonde sur des textes beaucoup plus tardifs ?
L’atelier tentera le pari de remonter à la source à partir des seuls témoignages fiables : les textes directement issus de la pratique ancienne de la commedia dell’arte. En confrontant une tirade de dottore et son pendant chez Molière, on essaiera, par une mise en œuvre expérimentale, d’identifier les vertus de ce « jeu italien » et de saisir ses implications sur l’interprétation de certaines scènes comiques du théâtre classique.
2) autour de Marivaux et du théâtre sérieux
Contrairement à une opinion répandue, le jeu des Comédiens Italiens au cours du XVIIIe siècle ne se borne pas exclusivement à l’improvisation, aux cabrioles, aux culbutes, aux lazzi et aux grimaces. Même si tout cela reste certainement l’un des axes porteurs et distinctifs du théâtre des comédiens professionnels italiens (notamment dans leur répertoire à canevas), leur jeu se décline également au sein d’un répertoire qui compte la haute comédie, la tragi-comédie et même la tragédie : pièces entièrement rédigées en italien autant qu’en français, tant en prose qu’en vers. Et cela pour ne se limiter qu’au théâtre parlé. Maintien, grâce, voix naturelle et puis imagination, feu, attention, écoute, ne sont que les quelques termes qui aident à comprendre ce qu’était le jeu « simple et naturel » des Italiens, transversal à toutes les formes et les genres théâtraux exploités (du canevas à la tragédie). Ce jeu devient plus compréhensible si on le considère dans lecadre des codes représentatifs de l’époque et en comparaison avec le jeu des comédiens de la Comédie-Française.
Cet atelier, qui propose des extraits de pièces représentées par Luigi Andrea Riccoboni (chef de troupe depuis 1716 jusqu’au 1729) et des textes d’auteurs français tel que Marivaux, essaiera de conduire un exercice qui puisse donner, dans les limites du possible, une idée de ce que pouvait être ce jeu et les modes de représentation des Italiens. Compte tenu de la pauvreté des sources, il aura un caractère éminemment expérimental.
La première partie de l’atelier sera animée par Claude Bourqui, professeur de littérature française à l’université de Fribourg et auteur de La Commedia dell’arte. Introduction au théâtre professionnel italien entre le XVIe et le XVIIIe siècles (1999 ; rééd. A. Colin 2011) et Molière à l’école italienne. Lelazzo dans la création moliéresque (en collaboration avec Claudio Vinti, L’Harmattan Italia, 2003).
La seconde partie sera prise en charge par Emanuele de Luca, qui a soutenu en 2013 une thèse sur François Antoine Valentin Riccoboni (1707-1772) : Vita, attività teatrale, poetica di un attore-autore nell’Europa dei Lumi / François-Antoine-Valentin Riccoboni (1707-1772) : Vie, activité théâtrale, poétique d'un acteur-auteur dans l'Europe des Lumières et est l’auteur de Il repertorio della Comédie-Italienne di Parigi (1716-1762) / Le répertoire de la Comédie-Italienne de Paris (1716-1762), (Paris, IRPMF, 2011).
La maîtrise de l’italien n’est pas nécessaire.
Les textes (français et italiens) sur lesquels les étudiants et comédiens seront appelés à travailler seront fournis au cours de la première quinzaine du mois d’octobre.
Atelier 2 (14h15-16h30) : Coriolan/Coriolanus: differences and similarities
The first part of the workshop will focus on scenes from Shakespeare’sCoriolanus. The approach will draw upon methods used by the education department at Shakespeare’s Globe in London, ensuring that participants develop a command of the poetic devices used in English Renaissance drama and the performance requirements of an open-air, thrust-stage theatre. This will include work with iambic pentameter rhythms and rhetorical devices such as metaphor, alliteration, and allusion, as well as an exploration of staging techniques appropriate to a theatre with universal lighting and audience on three sides. These are techniques which can be applied to almost any English play from the Renaissance period. Students should prepare by becoming familiar with Coriolanus; it will also be helpful to bring a pencil to use in the workshop and to wear clothes which allow for ease of movement. In the second half of the workshop, the same methodology will be applied to scenes from Hardy’s Coriolan, written independently at almost exactly the same time. The same methods will be applied in order to test their appropriateness to French classical drama. The purpose of the workshop will be to identify some of the essential differences between English and French theatre at the start of the seventeenth century, but also to seek out convergences and assess whether differences of methodology in the 21st-century generate different approaches to texts that have a great deal in common. A key question concerns the natural body. Does a code of movement follow naturally from a response to the verse, or does that code need to be imposed? More broadly, this workshop will raise the question of whether the pursuit of ‘Original Practices’ is a valid form of historical research, and/or a stimulus to creative practice in the present.
Extraits proposés : Hardy, Coriolan, v. 1025-1054, Shakespeare, Coriolanus, V.iii, 155-195.
En complément : Coriolan, v. 420-464, Coriolanus, IV.v.47-110.
Le texte français est accessible en ligne: http://pufr-editions.fr/tei/427
L’atelier sera animé par David Wiles et Nora Williams.
David Wiles is Professor of Drama at the University of Exeter. He has published extensively in the fields of Greek theatre and English renaissance theatre. This autumn saw the publication of Theatre & Time (Palgrave) andThe Theatre of Drottningholm – Performance Then and Now, co-authored by Willmar Sauter, along with the paperback edition of Theatre and Citizenship(2011). In 1990 he spent a term teaching at the Université Paul Valéry. He is at the early stages of work on a history of classical acting.
Nora Williams is an actress, director and academic with ten years of experience performing Shakespeare'splays. As an undergraduate she trained in acting at Sheridan College, one of Canada's top institutes for the performing arts, whilst simultaneously earning a degree in English and Drama from the University of Toronto. She has also received training from practitioners at Shakespeare's Globe and the American Shakespeare Center, and holds an MA in Staging Shakespeare from the University of Exeter. She is currently pursuing a PhD at Exeter which focuses on intersections between print and performance with regard to Thomas Middleton's and William Rowley's 1621 play The Changeling.