L’Accordéon, collection que nous avons conçue en quatre volumes, ouvre un espace
de parole commun à tous ceux qui font la danse. Si les deux premiers volumes
donnaient davantage la parole à des danseurs de tous styles, connus ou moins
connus, et à de jeunes et moins jeunes chercheurs (en anthropologie, sociologie,
philosophie et esthétique), nous veillerons à diversifier davantage cette parole à
partir du troisième volume, en allant à la rencontre du public et de programmateurs
par exemple. Pour permettre au lecteur de circuler librement, les volumes offrent un
sommaire non linéaire, un flux entre textes et images. Dessins, photographies,
poèmes, articles de recherche et entretiens s’alternent pour proposer plusieurs
manières de voir et de dire la danse.
En 2016, Respiration. Recherches sur la danse ouvrait la collection L’Accordéon
et se déployait en 128 pages composées d’environ 60 pages de photographies, dont
la moitié imprimée en couleurs, un changement de papier, 60 pages de texte, les
contributions de deux photographes, deux illustratrices, d’un poète, de trois
chercheurs et la restitution d’entretiens avec dix danseurs. 2017 était consacré à la
mise sur pied d’un deuxième volet sur la génération paru en juin dernier. En 2018, le
thème de l’habitat sera notre prisme de lecture pour partir à la rencontre de
danseurs, chercheurs et spectateurs à l’occasion de la Biennale de danse du GrandEst
Exp.édition, dès octobre 2018. Enfin, nous prévoyons un dernier volume sur le
voyage.
Ce présent appel à contribution s’adresse aux jeunes chercheurs et aux
chercheurs confirmés dont l’objet d’étude se rattache à la danse ou aux pratiques
chorégraphiques (et plus largement liées à la scène et/ou au corps) et dont les
thèmes, sous-thèmes et axes de réflexion coïncideraient avec les notions
proposées et détaillées à la page suivante.
Volume 3. Habitat
Où commence le spectacle ? Les bureaux d’une compagnie, le studio de répétition, le
hall d’un théâtre, les habitations des danseurs et des spectateurs ne représentent-ils
pas des lieux aussi importants que les salles et les scènes ? Comment et jusqu’où
les danseurs habitent-ils un lieu aujourd’hui ?
À titre d’exemple, la parole du danseur Dominique Dupuy éclaire une des
dimensions du studio de danse : « La présence active des danseurs parachèvera cet
édifice transparent, jusqu’à y laisser des traces. » Comment l’exemple du studio de
danse peut-il mener à de nouvelles interprétations du lieu et de l’espace occupés
par les danseurs ? Si les perceptions posées sur les espaces clos en sciences
sociales tendent parfois à focaliser l’analyse sur l’enfermement, la danse en tant
qu’objet de recherche permet de reconfigurer ces perceptions. Nous observerons
jusqu’où la dialectique dedans/dehors peut se trouver bouleversée par l’usage et les
pratiques des danseurs des salles de répétitions, des studios et des écoles de
danse. Chemin faisant, nous explorerons les relations que tissent les danseurs entre
habitat et territoire(s). La danseuse Christine Fricker témoignait en 2001 à propos de
son studio de répétition à Marseille : « Un studio façonne surtout un rapport
spécifique au territoire ». De quelle nature est ce rapport dit spécifique ?
Nous concevrons ce volume de la collection L’Accordéon autour de plusieurs
axes problématiques, liant l’intime au politique : quels rôles joue l’habitat, fixe ou
itinérant, dans la vie des danseurs ? Du studio à la résidence et à la scène, y a-t-il
des lieux d’habitation spécifiques aux danseurs ? Le terme de huis clos est-il apte à
saisir une certaine dimension de l’expérience du lieu en/de danse ? Comment
s’articulent lieu public et lieu privé, lieu ouvert et lieu fermé, lieu professionnel et lieu
intime dans la pratique de la danse ?
Axes possibles
- Les lieux d’habitation des danseurs : à quoi ressemble un « habitat de danseur » ?
Quels rôles peut jouer l’habitat, fixe ou itinérant, dans la vie d’un danseur (est-ce un
point d’ancrage, un lieu de passage) ? Du studio à la résidence, aux coulisses et à la
scène, les danseurs habitent-ils des lieux spécifiques ? Comment s’articulent lieu
public et lieu privé, lieu ouvert et lieu fermé, lieu professionnel et lieu intime, dans la
pratique de la danse ? Peut-on donner un rôle politique à l’habitat ?
- Le huis clos : le terme de huis-clos est-il apte à saisir une certaine dimension de
l’expérience du lieu en danse ?
- Habiter un territoire : par quels lieux la danse habite-t-elle des territoires ? Quels
rapports de pouvoir s’y jouent ?
- Lieu et personne : comment et jusqu’où personne et lieu s’associent-ils ? Comment
une direction artistique ou une compagnie résidente se fait-elle la figure exclusive et
emblématique d’un espace ? Dans quels buts ?
- Habitats remarquables : du Lichtburg à Wuppertal aux formidables lieux habitésdansés
d’Anna Halprin ou de Jean Guizerix et Wilfride Piollet, comment les danseurs
inventent-ils leurs propres habitats ? Quels sont les liens entre danse et
architecture ?
- L’imaginaire chorégraphique de l’habitat : des danseurs, des chorégraphes ont-ils
pris pour sujet dans leurs créations chorégraphiques le thème de l’habitat ?
- L’habitat conceptualisé par la danse : La notion d’habitat en lien avec celle
d’espace et de mouvement a-t-elle été théorisée/explorée par des artistes ou des
chercheurs en danse ?
- Cultures, sociétés et habitat : les propositions pourront aussi adopter une
perspective de comparaison d’habitats de danseurs, de façons d’habiter « en
danseur », entre différentes sociétés, différentes cultures.
Volume 4. Voyage
À la Biennale Exp.édition 2017, Radhouane El Meddeb présente Face à la mer, pour
que les larmes deviennent des éclats de rire. Alors que les politiques migratoires se
durcissent, comment la danse peut-elle continuer à penser et représenter le
voyage ? Quels voyages restent possibles, et à qui ? Si l’histoire des danses est
histoire de circulations, quelles sont aujourd’hui les circulations des danseurs, et
lesquelles peut-on appeler « voyages » ?
La notion de voyage renvoie à un déplacement circonscrit dans le temps, mais
aussi au périple en lui-même. Quels types de voyages font partie du quotidien des
danseurs, et quelles différentes manières peuvent-ils avoir de voyager ? Voyager en
tournée ; voyager pour créer ; voyager pour se former ou auditionner ; voyager en
quête de rencontres… mais aussi parfois, ne pas pouvoir voyager.
Le voyage renvoie également à une série de métaphores souvent utilisées en
danse : un spectacle nous « fait voyager », il nous propose un « voyage sensoriel »,
« sensible », « kinesthésique »… Quels imaginaires du voyage sont à l’œuvre dans les
créations chorégraphiques ? Dans quelle mesure la danse nous permet-elle de
voyager ? Enfin, les pratiques de danse permettent-elles certains voyages intérieurs,
dans/à la surface de notre corps, dans notre imagination ?
Axes possibles
- Voyages professionnels et tournées : le voyage fait-il partie intégrante du métier
de danseur, et si oui, sous quels modes ? Dans quelle mesure les tournées peuventelles
être vécues comme des voyages ?
- Le voyage intérieur : faut-il partir pour voyager ? En quels sens peut-on dire qu’une
danse nous fait voyager (dans notre corps, notre imagination, dans le temps) ?
- Le voyage comme source créative : quelles rencontres (avec des artistes, des
sociétés, des cultures (chorégraphiques) le voyage permet-il ? S’il y a plusieurs
manières de voyager, plusieurs objectifs possibles au voyage, comment le voyage
peut-il nourrir les chorégraphes, les interprètes ?
- Représentations de l’étranger : comment représenter, incorporer ce que le voyage
a permis de rencontrer/de découvrir ? Et quels dangers (d’exotisation,
d’acculturation…) guettent ces représentations ?
- L’imaginaire chorégraphique du voyage : des chorégraphes thématisent le voyage
dans leurs œuvres : sous quelles formes ? Un spectacle peut-il nous « faire
voyager » ?
- Voyage, exil, migrations : en fonction de leur nationalité, de leur situation
politique/économique…, les danseurs n’ont pas tous la même liberté de voyager.
Comment penser le voyage des danseurs, et ses représentations chorégraphiques,
dans un contexte français et mondial d’exils forcés, d’inhospitalité des sociétés et
de fort contrôle des migrations et des circulations ?
Envoi des propositions
Les deux notions d’habitat et de voyage donneront lieu à deux publications
distinctes bien que complémentaires. C’est pourquoi nous vous demandons de bien
indiquer à quel volume votre proposition se rattache.
JAVA éditions en danse met en avant une approche transversale de la danse et vise
à réunir la parole de théoriciens de la danse aux approches différentes, voire
éloignées. Tout professeur des universités, maître de conférences, jeune chercheur,
doctorant et/ou artiste est appelé à contribuer à ce prochain volume à travers la
rédaction d’un article en envoyant :
- une proposition d’article de 3 000 signes maximum
- un titre provisoire d’article
- une biographie de 400 signes maximum.
Merci d’envoyer votre proposition à l’adresse e-mail lescahiersjava@gmail.com
avant le 8 décembre 2017.
Après réception de toutes les propositions d’articles, l’équipe vous répondra dans
un délai d’une à deux semaines.
Les articles dans leur première version complète seront à rendre dans la première
quinzaine de janvier, pour une publication du Volume 3 Habitat courant 2018, et du
Volume 4 Voyage au premier semestre de l’année 2018-2019 pour une publication
en 2019.
Précisions
- votre article final comprendra environ 10 000 signes (+ ou - 5%)
- les perspectives adoptées sur les notions d’habitat et de voyage en danse
pourront être multiples : historiques, sociologiques, anthropologiques, esthétiques...
- vous pouvez vous procurer les deux premiers volumes de la collection
L’Accordéon via le magasin en ligne de la librairie Books On The Move (Titres :
Respiration. Recherches en danse ; Génération. Recherches en danse).
- tout article en langue étrangère sera également, dans la mesure de nos ressources
en traduction, le bienvenu.
Quelques mots sur Java
Java est une maison d’édition associative fondée en 2014 à Metz. Sa mission
consiste principalement à faire dialoguer plusieurs regards sur la danse et les
pratiques artistiques qui lui sont liées, autour de questionnements thématiques
suscités par la pratique chorégraphique. Son activité se réalise et rayonne à partir
du Nord-Est de la France et de Paris, lieu d’études et/ou de vie de ses membres.
En éditant une courte collection, Java vise à créer des allers-retours entre
danseurs, spectateurs et théoriciens, entre création et réception, entre théorie et
pratique. Comme la java qui apparaît dans les années 1930 à Paris en réaction à la
valse, nous décidons d’accélérer le rythme, de rapprocher les pas, et comme les
danseurs des dancings encombrés, de nous approprier des sujets et des lieux en
nous serrant au sein de courtes collections.
L’équipe
De par sa volonté de publier une parole plurielle, ce projet d’édition ne peut exister
qu’à travers un regard pluridisciplinaire et un esprit collectif. Ses membres viennent
ainsi de plusieurs horizons.
Marion Fournier et Laetitia Basselier, doctorantes en deuxième année, mènent les
entretiens et accompagnent les rédacteurs. Après avoir déployé un thème, elles se
chargent de relire les articles des chercheurs et d’échanger avec eux. Léa Bolou,
documentaliste au Fonds régional d’art de Lorraine, encadre et accompagne le
projet dans sa dimension administrative. Elle garantit également un suivi de la
préparation de l’édition à travers des relectures et le partage de son regard plus
extérieur. Alice Prouvé travaille au sein de l’agence Imagine en tant qu’attachée de
presse, elle accompagne les décisions prises au sein du comité et est chargée des
relations presse.
Trois artistes garantissent une cohérence tant visuelle que formelle à l’objet final.
Antoine Langé, diplômé de la Haute école d’arts du Rhin, se consacre au graphisme.
Son goût se tourne vers les lignes épurées et les caractères typographiques
originaux. Mathilde Dieudonné et Julie Freichel, toutes les deux diplômées de l’École
supérieure d’arts et de design de Nancy et respectivement photographe et
photographe-plasticienne, assurent l’approche artistique du livre à travers la
conception d’un corpus de photographies notamment de plateau.