« Questions pour une étude de la chorégraphie située » présente les principaux jalons, de 2005 à 2018, d’une recherche sur la danse contemporaine occidentale. Le premier volume propose de réfléchir au trajet qui conduit aujourd’hui à travailler sur la chorégraphie située, c’est-à-dire sur des œuvres et des pratiques qui font du lieu et de la situation le ressort de la démarche artistique. Il s’organise en cinq chapitres, afin de rendre compte des différentes approches à travers lesquelles l’art chorégraphique a été envisagé et de cinq questions qui animent précisément la réflexion sur la chorégraphique située.
L’esthétique de la danse est le cadre premier à partir duquel se définissent la posture de recherche et l’examen de la relation spectaculaire. Pourtant, la chorégraphie située met bien souvent à mal les conditions mêmes d’une analyse esthétique et incite à repenser la façon dont une œuvre nous regarde, en invitant plutôt à réfléchir à ce que serait une analyse chorégraphique de la situation. Ce cadre esthétique ouvre en effet à une première question : comment écrire sur des œuvres chorégraphiques qui n’offrent plus de danse à regarder ?
Deuxièmement, une démarche historique s’est affinée au fil de recherches successives allant du modèle monographique à l’enquête documentaire, en passant par l’approche transculturelle. Elle engage aujourd’hui une réflexion sur l’histoire et les archives de la chorégraphie située : comment appréhender une histoire de la chorégraphie située alors que la documentation des œuvres ou des pratiques échoue le plus souvent à rendre compte de leur matérialité propre ?
Troisièmement, l’approche problématisée autour de la spatialité constitue le cœur de cette synthèse : elle permet de penser l’articulation entre espace et attention. Il s’agit de réfléchir aux formes spatiales de l’art chorégraphique et aussi aux modes d’existence que ces formes sont susceptibles d’inventer. Lorsque la chorégraphie située, en particulier, propose de s’engager en acte avec l’espace, elle invite à saisir des dimensions à chaque fois spécifiques de la situation. De là découle une troisième question : quelles relations une œuvre chorégraphique peut-elle établir avec une situation non-théâtrale ?
Quatrièmement, l’enquête sur la fabrique des œuvres, conduite selon différentes méthodologies de travail depuis 2005, vise une meilleure compréhension des pratiques dansées et chorégraphiques. Elle invite alors à réfléchir plus précisément aux façons dont la chorégraphie située compose avec le réel : comment des situations sont-elles composées à partir d’un acte chorégraphique ?
Enfin, la réflexion sur la place et la poétique des discours d’artistes chorégraphiques constitue une façon d’approfondir la compréhension des enjeux de la danse, mais aussi de dévoiler les formes écrites et éditoriales par lesquelles elle se manifeste également. Il s’agit alors de se demander comment ces formes nous donnent à voir des mondes, surgis de la rencontre des expériences dansées et de l’exercice même d’écrire. Autrement dit, comment se noue l’analyse des écrits et des livres d’artistes chorégraphiques à une recherche sur la chorégraphie située ?
Ce texte rend ainsi compte de cinq mouvements qui permettent de tisser les différents aspects d’une recherche sur la chorégraphie située. Chacun de ces mouvements répond à une logique propre, à des circonstances particulières qui ont orienté la recherche. En effet, le texte revient sur les conditions de son développement : les rencontres artistiques et intellectuelles déterminantes, le contexte même du champ chorégraphique et les questions que les œuvres ou les artistes soulèvent, enfin l’essor des études et recherches en danse depuis vingt ans sans lequel cette recherche n’aurait pas vu le jour.
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