Cycle de conférences sur l’apport des techniques somatiques à la création chorégraphique

lieu:  Maison des Sciences de l’Homme, 54 boulevard Raspail, Paris 75006

RHIZOMES
 Parcours corporels et créatifs de la contemporanéité - Danse en recherche

Cycle de conférences sur l’apport des techniques somatiques à la création chorégraphique

7 artistes parlent de leur expérience de création en lien avec l’univers somatique, des parcours et des enjeux spécifiques et singuliers.
Des témoignages qualitatifs, des questionnements et des échanges sur l’art d’être corps...

Les conférences auront lieu à la Maison des Sciences de l’Homme, 54 boulevard Raspail, Paris 75006, entre 14H et 17H
- Rendez- vous à 13H45 à l’accueil de la MSH

Jauge limitée - 
Réservation obligatoire, envoyer un mail à : francoise.quillet@neuf.fr

Février 2018 :

Lundi 12 : Carlo Locatelli, «Les techniques somatiques et l’art chorégraphique ; des pratiques sensibles du corps dans l’intime du processus de création artistique».

NOTE : Au printemps 2017 j’ai présenté au CIRRAS «Le corps caché. A travers trente ans de pratique de danse, une réflexion in vivo sur le corps : entre énergie, imaginaire et approche somatique». Le parti pris de cette conférence était de questionner trente ans de pratique de danse et de voir comment le Corps, sujet de la danse, s’était métamorphosé à travers les rencontres artistiques et humaines qui ont marqué et orienté ce parcours. A travers le Living Théâtre, Tanaka Min (météorologie du corps) la nouvelle danse française et la recherche personnelle : l’usage du corps, le ressentie, la façon de l’imaginer, de le construire, de le penser avait changé de façon évidente...

Dans cette nouvelle conférence «Les techniques somatiques et l’art chorégraphique ; des pratiques sensibles du corps dans l’intimité du processus de création artistique » – qui ouvre ce cycle de conférences – le désir est d’interroger d’avantage l’agencement entre les pratiques du corps dites somatiques et le processus de création artistique. Deux univers qui s’entrelacent subtilement dans la création contemporaine en danse mais qui restent souvent de l’ordre de l’insaisissable. C’est une réflexion qui part de l’expérience corporelle et personnelle car ce lien sensible peut que être subjectif et qualitatif, mais qui nous engage comme créateurs dans une dynamique expressive et collective.

Lundi 19 : Marika Rizzi, «Donner voix aux sens et corps aux mots. De l'écriture du sensible à l'écriture du geste".

NOTE : Cette intervention vise à créer une boucle entre une certaine pratique de la danse, l’expérience sensible de sa transcription en mots et la résonance que ce dialogue a provoqué à postériori au sein du geste. Questionner la trace que l’exercice d’écriture a laissé dans la danse et dans l’approche au mouvement pour essayer d’identifier de quelle façon parler du geste et du sentir contribue ensuite à fabriquer un langage chorégraphique. L’étude prend appui sur un travail de recherche et d’écriture autour des pratiques dansées de Kirstie Simson et de Deborah Hay, chercheuses, performeuses, pédagogues, chorégraphe dans le cas de D. Hay, cela à partir de leur terminologie spécifique.

Il s’agit de déplacer légèrement la question du sentir pour situer ce dernier dans son articulation entre le geste et le récit d’expérience. Écrire autour du mouvement dans ces deux contextes a investi une dimension sensorielle du fait qu’il a été question de glisser dans un certain état pour que la mémoire perceptive du moment vécu puisse re- émerger et trouver sa transposition en mots. Dans un rapport d’influence et d’instruction réciproque le verbe impacte la production du geste autant que son explicitation écrite informe et modifie ensuite l’écriture de la danse.   

Mercredi 21 : Mandoline Whittlesey, «La Défaite et la Saisie ; un art chorégraphique à la lumière du Mouvement Authentique et du Body-Mind Centering®».

NOTE : Quel corps se laisse mouvoir? Comment détendre notre identification au personnage du danseur/de la danseuse, afin d’étendre nos capacités dans le mouvement? Qu’est ce qu’une esthétique attentionnelle? Pouvons nous orienter notre attention de manière consciente, afin de soutenir les états que nous souhaitons rendre visibles? Comment sculpter nos perceptions de manière à refléter le corps fluide (disponible), volumineux (intègre) et articulé (expressif) que nous souhaitons partager sur le plateau?

A la recherche d’un art chorégraphique qui prendrait appui sur les ressources offertes par les pratiques du Mouvement Authentique du Body-Mind Centering®, j’ai élaboré une approche de la création dont les qualités inhérentes sont la relation consciente, la fluidité perceptive, et un désir incessant d’apprivoiser la peur liée aux multiples facettes de la création (rapports de pouvoir, peur de l’échec, fixité tonique inscrite dans les tissus, peur de l’inconnu etc). J’en partagerai les fondements théoriques et, expérimentaux, ainsi que le processus qui a mené à Antre (création 2017).

Mars 2018 :


Lundi 19 : Luna Paese, “Pour faire ce que tu veux, tu as besoin de savoir ceque tu fais, pour savoir ce que tu fais, tu as besoin de sentir”.

NOTE : En collaboration avec Alessia Vecchiet. La réflexion de cette conférence est autour des habitudes et du changement, et autour des difficultés individuelles et collectives, de changer par rapport à des schémas ou à des modes de fonctionner. Sur un macro-niveau, je pense au changement climatique, aux systèmes politiques et économiques actuels. À un micro-niveau, toutes les difficultés d’ordre existentiel, intime et relationnel qui empêchent l’épanouissement et l’expression de soi. Pour faire ce qu’on veut, il est nécessaire, comme Moshe Feldenkrais affirme dans la citation qui donne le titre à la conférence, d’être conscients de ce qu’on fait. Pour en être conscient, il faut se relier à nos sens, à nous-mêmes. Mais les connexions entre nous et nous-mêmes sont parfois coupées, ou plus ou moins endommagées, ou endormies. Le microcosme rejoint le macrocosme.

Dans cette conférence pratique/théorique, mais surtout pratique, nous allons faire l’expérience concrète de nos sensations et de certaines de nos manières de fonctionner en relation avec l’environnement extérieur. Sachant avec les pratiques somatiques qu’en réduisant l’intensité des stimuli nous nous apercevons plus facilement de toutes les nuances et les différences, cette expérience sera faite de petits stimuli dans un temps dilaté de trois heures (chacun est libre de sortir quand il le souhaite).

Les références, citées ou réélaborées de manière créative, seront : la méthode Felndenkrais, le BMC, la sorcellerie wicca, Michael Harner et Arnold Mindell en relation au chamanisme, Fritz Perls, le shiatsu. « Le rôle de l’artiste est exactement comme le rôle de l’amant. Si je t’aime, je dois te faire prendre conscience des choses que tu ne voies pas » J. Baldwin

Lundi 26 : Chiara Bortoli, “Pratiques de l’intention et de l’ex-tension dans l’exercice de la performance et de la création collective”.

NOTE : Ma recherche se développe dans le cadre d’un collectif qui regroupe des artistes aux différents backgrounds: performance, vidéo, photographie. Cet échange m’amène à penser la pratique comme un organisme vivant, complexe, polycentrique, en transformation et élaboration continues. Une ex - tension sensible et diffuse, un lieu instable de recherche, comme instable est le corps qui en est concerné. La pratique a alors cette nécessité intime de se déplacer tout le temps, en suivant une multitude de directions et d’intuitions: pour arriver à toucher le corps – à dire de l’humain – sans le fermer dans une « image »; pour développer une qualité de présence exposée sans réserve au dedans et au dehors ; pour permettre une connexion agile, fluide entre sensation, pensée, imagination, émotion.

Sur la superficie mobile de la pratique se produit un savoir poreux qui ne devient jamais complètement act. Peut- être même pas au moment de la performance, elle aussi processus dynamique et transitoire, ouvert à l’événement et au regard de l’Autre, accomplissement partiel et fugace de cette pratique qui l’a alimenté.   

Avril 2018:


Lundi 9 : Nathalie Schulmann & Mélanie Perrier, «Le corps relationnel au travail : un nouveau paradigme chorégraphique ».

NOTE : Poser la relation entre deux personnes comme matrice de l’écriture chorégraphique. Tel est le projet de la chorégraphe Mélanie Perrier, qui pense l’environnement de la création comme un écosystème. Il prend en compte trois relations : celle qu’engage le danseur avec son espace de travail, celle qu’il met en œuvre avec ses partenaires, et celle qui se joue avec la chorégraphe. Cela concourt à la création d’un corps relationnel au

travail, où il revient d’écouter le corps pour ne plus le mettre au travail mais le laisser être travaillé par les relations. Avec Nathalie Schulmann, (AFCMD), elles développent ainsi une réflexion croisée qui génère une vision innovante du travail corporel et relationnel en danse.

Lundi 16 : Pascal Weber & Jean Delsaux (Hantu),«Ajustements sensibles: le corps comme création».

NOTE: Le duo Hantu s’est formé suite à une série de performances portant sur la mémoire du corps et les fantômes qui le hantent : Hantu signifie «Fantôme» en indonésien.
Les performances du duo traitent depuis plus largement de l’articulation entre le corps présent et le corps représenté. Pascale Weber et Jean Delsaux envisagent la présence comme la conscience d’être vivant, conscience sans cesse actualisée de ce que sont un corps humain, son sexe, son genre, son âge, sa force, son organisation motrice, sa respiration et son interaction avec son environnement, sa relation à l’Autre, sa place dans le groupe social. La représentation renvoie autant à la création artistique et au document d’archive (notamment photo et vidéo) qu’aux images mentales dont il est question dans les pratiques de visualisation (respiration visualisée en Shiatsu, I.F.* chez M. Feldenkrais, R.E.D.** chez R. Desoille, sophrologie...). Entre présence et représentation, Hantu performe la manifestation et la continuation du désir vital, en s’appuyant tant sur une pratique régulière de la danse Butoh que celle des voyages dirigés, des techniques vocales issues du joik, du chant de gorge ou chant diphonique, des pratiques somatiques évoquées plus haut ou d’un travail plus ancien en bio-énergie et Taï-Qi-Chuan car ces techniques permettent des ajustements sensibles du corps et de la perception que nous en avons, tandis qu’il se réinvente pour survivre et s’adapter à tout ce qui autour de nous change également. (* Intégrations fonctionnelles / ** Rêve Éveillé Dirigé)

    

Rhizomes est un projet piloté par : Carlo Locatelli (artiste associé à la compagnie Avventure di vita), Stéphanie Decante (Université de Nanterre) & Françoise Quillet (Cirras).

[[{"fid":"1168","view_mode":"full","fields":{"format":"full"},"link_text":"RHIZOMES programme.flyer .pdf","type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"full"}},"attributes":{"class":"media-element file-full","data-delta":"1"}}]]