Dans une société où l'injonction grandissante à « prendre soin » de soi-même fait presque figure d'impératif moral, qu'en est-il du rapport paradoxal que chacun entretient à son propre corps ? L'idée même de « soin » est tiraillée entre l'image normative d'un corps conforme et ce que Michel Foucault nomme les « arts de soi » – ensemble de techniques personnelles, élaborées dans un lien fait d'écoute et de réinvention quotidienne.
Le travail du danseur reflète ces contradictions – tout particulièrement le temps que l'on peut qualifier d'échauffement, de préparation ou de « training » – qui consiste simultanément à se faire un corps, à acquérir une conscience de ses circuits, et à le transformer en outil efficace, à même de répondre aux contraintes de l'activité chorégraphique : s'accorder à une écriture, gérer la fatigue, la douleur, les blessures. Sous des formes allant du fitness à des pratiques somatiques diverses, chaque danseur invente son training dans un va-et-vient entre élargissement perceptif et efficacité. Comment replacer cette pratique à l'intérieur d'une réflexion plus générale, faisant retour sur la place du corps dans la société ?
Pour cette semaine consacrée au « soin », le Musée de la danse offre un temps de formation consacré au partage des savoirs et des pratiques, tout en mettant en perspective les questions qu'ils soulèvent. Un week-end ouvert au public proposera des ateliers, des spectacles et des rencontres, afin de placer le public dans un champ sensoriel élargi, ouvert aux expériences...