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lieu:  Ménagerie de Verre - Paris

Architectures sensibles. L'hôpital psychiatrique à l'épreuve de l'expérimentation dansée. Par Marina Ledrein

Samedi 8 novembre, 14h, Ménagerie de Verre.

Thèse sous la direction d'Isabelle Ginot et Catherine Perret
Jury de thèse : Anne Boissière, Baptiste Godrie, Céline Letailleur, Derek Humphreys

Prenant pour point de départ une réflexion sur l'architecture psychiatrique et les spatialités en danse, cette thèse ancrée dans le travail du collectif MOUVEMENT(s), composé d'usager·ères en psychiatrie, de soignant·es, de chercheur·es et d'artistes chorégraphiques (dont je fais partie en tant qu'artiste et chercheuse) interroge l'objectif central du groupe : mobiliser la pratique dansée comme méthode d'investigation du lieu. La thèse retrace et analyse en particulier les processus et pratiques engagés pour la performance Plan d'Occupation des Sols #1, co-créée et présentée au Théâtre Louis Aragon à Tremblay-en-France en 2022.

Dans un contexte psychiatrique inhospitalier, où les facultés de sentir, de percevoir et d'imaginer se trouvent entravées, elle propose d'explorer, à partir de l'analyse de pratiques dansées, différentes qualités d'espace que je nomme architectures sensibles, afin de les distinguer des architectures-limites marquées par les politiques du mur qui prolifèrent dans nos sociétés contemporaines. Ces architectures sensibles déplacent l'attention vers une écoute du milieu et de sa matérialité propre. Depuis le geste, elles modulent une exploration de l'espace du sentir et permettent ainsi l'émergence du commun.

L'atelier de pratique est pensé comme un espace d'amplification des expériences depuis lequel la thèse interroge aussi bien les possibilités d'une coproduction des savoirs (artistiques comme politiques) que les conditions d'une écoute possible de ces savoirs et de leur dimension critique dans un tel contexte.

La thèse pose l'hypothèse que cet espace du milieu aussi celui de l'espace du geste est celui depuis lequel se bâtissent les espaces de confiances (symbolique et pratique) à différentes échelles micro- et macro- politiques. Elle défend l'urgence d'une reconceptualisation de la confiance dans son articulation avec le sentir. Ces espaces de confiance sont ceux depuis lesquels il devient possible de s'engager dans l'action collective mais aussi de défaire les assignations statutaires (patient·e, soignant·e, etc.) en imaginant d'autres rôles.

Cette démarche de recherche-création s'appuie également sur la littérature sur les gestes d'écriture de la recherche et s'inscrit dans des questionnements épistémologiques en articulant plusieurs écritures et pratiques éditoriales. L'écriture diariste, les lectures complices de la recherche et les journaux de la performance Plan d'Occupation des Sols tentent ainsi de rendre compte d'une vivacité critique du collectif.