Sylvain Diaz et Guillaume Sintès (dirs.)
Préface : Mathilde Monnier. Postface : Simon Delétang.
Contributions : Rémi Baert, Jonathan Châtel, Alix de Morant, Sylvain Diaz, Laura Fanouillet, Enzo Giacomazzi, Cathy Grouet, Célia Jésupret, Pierre Lesquelen, Axelle Locatelli, Christine Roquet, Kahena Sanaâ, Carolane Sanchez, Lucas Serol, Guillaume Sintès, Umut Ungan, Marie Urban.
La marche va-t-elle de soi ?
La question peut paraître incongrue. Pourtant, la marche ne revêt aucune évidence : elle est, à chaque instant, lutte contre la gravité qui nous entraîne vers le sol. Elle est d’autant moins évidente qu’elle est, par-delà sa physique, métaphorique, signalant le repli sur soi, le vagabondage, l’errance ou, au contraire, l’ouverture aux autres. Comment, dès lors, représenter la marche ? Si elle vaut pour tous les arts, cette question prend un sens particulier dans les arts vivants du fait de l’effectivité même de la marche. Elle est le mouvement zéro des corps qui se déplacent au plateau.
À partir de ressources empruntées à l’anthropologie, à l’histoire, à la philosophie ou à la sociologie, il nous a semblé nécessaire de penser les pratiques de la marche des artistes d’aujourd’hui, chez qui la démarche confine souvent à la déroute. Dans les œuvres étudiées, la marche échappe à toute destination comme à toute signification pour mobiliser non seulement les interprètes mais aussi les spectateurs mus par ce qui se joue non pas face à eux, mais avec eux.
Conçus lors de la dernière crise sanitaire, les chapitres de cet ouvrage ont été écrits à un moment où la marche n’allait plus de soi. Sinon impossible, elle était restreinte et contrainte par les pouvoirs publics. Aussi avons-nous pensé ce livre comme une invitation au voyage à travers les représentations de la marche dans les arts vivants contemporains.