Le Département des Philologies Romane, Italienne, Gallaïco-Portugaise et Catalane et le Lectorat de Roumain de l’Université de Grenade, en collaboration avec le Département de Littérature et d’Etudes Culturelles de l’Université « Transilvania » de Braşov.
Lieu: Congrès International CIT
Dates: 6 au 28 juin 2014
A une époque qui est celle du visuel obsédant, le congrès se veut une invitation à la réflexion critique inter- et pluridisciplinaire sur la corporalité humaine, telle qu’elle est „vue”, „regardée” par chacun d’entre nous, par les autres, par la société dans son ensemble. Inspiré entre autres par les spectacles, représentations et expositions corporelles de Marina Abramović (http://www.youtube.com/watch?v=traUaknfR5o), le congrès voudrait établir les coordonnées par lesquelles le regard humain porté sur la corporalité féminine puisse aussi représenter le point de synergie des intérêts de spécialistes venant d’horizons variés.
Le corps, partie visible de l’histoire de l’humanité, offre la certitude de la présence au monde. Mélange binaire de matière et d’esprit, champ de bataille de la société, il s’offre au monde pour être catalogué et classifié, tandis que le monde le modèle et le prédétermine. En matière de corps, les exigences de la société contemporaine, dirigée par une véritable tyrannie du regard, sont en perpétuelle dynamique faisant en sorte que l’on assiste à des interventions de la chirurgie esthétique de plus en plus sophistiquées, elles-mêmes partie d’un combat acerbe contre la vieillesse et la mort. Les découvertes récentes en médecine et les nouvelles technologies médicales permettent un contrôle du corps sans précédent : possibilité de retirer et d’introduire de nouveaux organes et autres prothèses, clonage, procréation in vitro, sans oublier la prévention des maladies, et la surveillance constante et efficace des fonctions des différents organes.
En latin, imago désigne « portrait », « représentation », « statue ». L’image sociale de l’homme a depuis toujours été d’abord son corps, projection-message à l’endroit de l’autre et obsession narcissique, point de fixation du regard des autres sur soi. Le regard qui s’arrêtait à la limite de l’épiderme va maintenant toujours plus loin. L’évolution de la science permet au regard de pénétrer jusqu’à l’atome, sans oublier les regards jetés sur le corps minuscule du fœtus par l’entremise de l’échographe.
Le regard est aussi discriminatoire. Il instaure des normes, et saisit ce qui y contrevient. Il instaure une véritable tyrannie, insouciante du passage du temps, et qui se répercute dans tous les registres du social et de l’artistique. Véritable obsession de la société, cette tyrannie est présente sur les terrains de sport, dans les hôpitaux, les théâtres, les cinémas, dans les librairies, les cabinets de nutrition, les instituts d’esthétique, dans la rue, à la télé, sur Facebook, par l’intermédiaire du Skype. Elle est par ailleurs objet d’étude dans des écoles et des universités. Elle est devenue par la force des choses matière d’étude pour les arts et la linguistique, pour la sociologie et la philosophie, pour la religion et la médecine. Dans la construction de l’idée de corporalité, à partir des représentations sociales et culturelles du corps, une nouvelle signification peut être observée dans la manipulation, la symbolisation, et la légitimation de l’image du corps : le corps comme espace d’exploitation/exploration/exhibition.