Sandrine Dubouilh et Pierre Katutszewski, «Formes mineures et minoritaires dans les arts du spectacle», in Horizons/Théâtre, n°5, Presses universitaires de Bordeaux, 2015, 324 p.
Étudier les formes mineures et minoritaires aujourd’hui répond à plusieurs objectifs, mais le premier d’entre eux est historiographique et interroge d’emblée les processus de légitimation qui ont conduit à retenir certains objets et à en effacer d’autres. L’histoire des spectacles ne parle d’ailleurs que de cela et les travaux engagés par les historiens spécialistes de l’Antiquité, des XVIIe,XVIIIe et XIXe siècles notamment, ont bouleversé notre regard sur cette histoire en faisant remonter à la surface des objets spectaculaires laissés pour compte ou en proposant de certaines formes connues une relecture et donc une réévaluation, mettant à mal les dogmes qui ont servi de fil directeur à cette histoire de l’histoire. Lorsqu’on remonte ce courant en s’intéressant aux introductions des livres d’histoire depuis le XVIIIe siècle, on ne peut qu’être frappé par les différences d’orientation des auteurs au fil de ces trois derniers siècles. Si le XVIIIe se taille prudemment un chemin dans cette terre en friche, affichant un désir d’exhaustivité par un savoir à la fois encyclopédique et anecdotique , le XXe se distingue par des partis pris posant d’emblée des clefs de lecture en s’abritant derrière les figures tutélaires d’Aristote puis de Brecht, partis pris restrictifs qui dressent des barrières bien difficiles à faire tomber.
Voilà la juste comparaison de ce qui arrive à ceux qui forment le dessein de donner une histoire du théâtre français », p iv. La suite de cette introduction insiste sur le caractère périlleux et ingrat de cette tâche et ce monumental ouvrage frappe précisément par le nombre et la diversité des objets récoltés.