Université de Nice Sophia Antipolis, membre d’Université Côte d’Azur
Campus Carlone et Saint Jean d’Angely-MSHS Sud-Est
Coordination : Sarah Andrieu et Clarisse Goudet
Dans le cadre du programme de recherche « Dire le corps : pratiques de l’entretien en danse » porté par le Centre Transdisciplinaire d’Epistémologie de la Littérature et des arts vivants (CTEL EA 6307) et par le Centre de Recherches en Histoire des Idées (CRHI EA 4318), soutenu par l’Axe 5 « Histoire des idées, des sciences et des pratiques » de la MSHS Sud-Est. Coordination scientifique : Sarah Andrieu, Federica Fratagnoli, Clarisse Goudet, Alice Godfroy, Grégori Jean, Marina Nordera et Joëlle Vellet.
Contacts : sarah.andrieu@univ-cotedazur.fr ; clarisse.goudet@univ-cotedazur.fr
Depuis les travaux de Nathalie Heinich et de Roberta Shapiro, le concept d’ « artification » — « processus qui institutionnalise l’objet comme œuvre, la pratique comme art, les pratiquants comme artistes, les observateurs comme publics, bref qui tend à faire advenir un monde de l’art » (2012, p. 20) — est au cœur des réflexions que la philosophie de l’art mène au sujet du devenir de « l’idée d’art », et de la reconnaissance de la labilité et de la porosité des frontières qui séparent l’art et le non-art. Or, si l’une des forces de ce concept est la portée extrêmement générale que leur accordent leurs auteurs — il ne s’applique pas seulement aux « objets » au sens strict (un tableau, une sculpture), mais aussi aux paysages (land art) ou aux situations (happening) — l’objectif de ces journées d’étude est évaluer sa pertinence pour aborder les pratiques dansées, en tant qu’elles ne font pas systématiquement « œuvre ». Si Roberta Shapir a en effet pu montrer les mécanismes du passage à l’art de la danse hip-hop en France à travers son institutionnalisation et les dynamiques afférentes (décontextualisation, organisation, professionnalisation, singularisation, intellectualisation), qu’en est-il du corps dansant lui-même, de ses techniques et de ses savoirs ?
Ces journées d’études souhaitent initier sur ce thème des dialogues et des décentrements féconds, par le croisement des regards (philosophique, esthétique, anthropologique, sociologique…), des approches et des méthodes.
Le corps peut-il comme tel devenir matière et objet d’artification ? Les pratiques ancestrales de la parure jusqu’à la haute couture, du tatouage tribal à la pratique moderne du body painting, et jusqu’aux formes les plus quotidiennes d’intervention sur le corps (du simple maquillage au bodybuilding) sont-elles de cet ordre, ou bien s’agirait-il justement de distinguer l’artification de toute « esthétisation » du corps, et de son devenir « œuvre d’art » ?
Les techniques du corps — au sens maussien — sont-elles à leur tour susceptibles d’être artifiées ? Le geste est-il le produit — et peut-être à son tour l’objet — d’une artification, et le cas échéant, dans quelle mesure les pratiques de danse peuvent-elles contribuer à un tel processus voire en constituer la manifestation privilégiée ?
Selon quelles modalités s’opèrerait, dès lors, une telle artification du corps ? Est-il pertinent de mobiliser, dans la lignée des travaux de N. Goodman, la fonction constitutive d’un « monde de la danse » ? La place à accorder aux « opérateurs discursif» et aux discours des danseurs eux-mêmes dans un tel processus sera à interroger. On portera notamment une attention particulière à la manière dont la pratique de l’entretien que celui-ci soit mis en jeu par le chercheur en danse, le journaliste ou l’artiste intervient dans ce processus d’artification. Ces pratiques d’entretien impliquent-elles de nouvelles modalités de la mise en mot de l’expérience corporelle « artifiée » ?
L’ensemble de ces questionnements seront au cœur de ces journées d’études.
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