La participation des publics: pratiques et conceptions

Colloque international

Dates: 28-29 novembre
Lieu:  Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, 4 rue de la Croix Faron 93210, Saint-Denis la Plaine

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Le colloque  «La participation des publics. Pratiques et conceptions» est soutenu par la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, l’UMR 8218 Institut ACTE de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l’EA 1484 Communication, Informations, Médias (CIM) de l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3.

Les publics, et notamment les publics subalternes (Fraser, 2001), ont longtemps été dépeints comme une masse passivement enrôlée dans le processus historique de développement des industries culturelles aux XIXe et XXe siècles (Maigret, 2006). Les études de réception ont revisité cette histoire en plaçant la participation active, multiple et ambivalente des publics au cœur de ce processus de médiatisation croissante des relations sociales. La sociologie des «usages et gratifications» états-unienne se lance ainsi dès les années 1940 dans un programme de recherche qui, pour reprendre la formule d’Elihu Katz et Paul Lazarsfeld (1955), substitue à la question «que font les médias au public?» une interrogation portant sur ce «que font les publics avec les médias». Le «tournant de la réception » dans les cultural studies à partir des années 1980 produit de son côté un renouvellement des modèles théoriques (Hall, 1973; Jenkins, 1992; Grossberg, 1992) qui conduira au développement d’une véritable ethnographie des publics (Morley, 1992; Ang, 1993; Radway, 1984) permettant de saisir aussi bien les formes de participation les plus visibles, notamment incarnées par la figure du «fan», que les modes d’engagement actif les plus ordinaires. Parallèlement, en France se développe une sociologie de la réception centrée sur l’activité interprétative des publics du cinéma, de la télévision et du spectacle vivant (Odin, 2000; Esquenazi, 1994; Leveratto, 2006; Ethis, Fabiani, Malinas, 2008), ainsi que sur la formation même des publics et des arènes publiques (Dayan, 2000; Pasquier et Cefaï, 2003; Macé, 2006) S’il importe toujours de contester les conceptions des publics qui tendent à les associer à la passivité, régulièrement réactivées par les paniques morales liées à l’émergence de formes de cultures médiatiques délégitimées, il convient également de reconnaître que les enjeux qui traversent la sociologie des publics ne sont plus les mêmes. À l’heure de la «culture de la convergence» (Jenkins, 2006), comment les interactions entre anciens et nouveaux médias modifient-t-elles les pratiques participatives des publics? Et de quels nouveaux et anciens outils les sciences humaines et sociales disposent-elles pour les comprendre? Alors que la participation numérique retient toutes les attentions, et que les inégalités sociales et disparités générationnelles restent fortes dans l’accès à cette participation numérique, comment penser les formes de participation les moins visibles? Tandis que ne cessent de se développer des foyers de discours encourageant la participation, n’assiste-t-on pas à une forme d’injonction normative à la participation? S’engager dans la consommation culturelle, être un public actif n’est-il pas désormais devenu le régime ordinaire de conception et d’interpellation des publics? Comment les publics s’accommodent-ils de ces nouvelles normes et injonctions? Et que devient le rôle critique des études de réception face aux nouvelles formes d’investissement commercial et politique de la notion même de «participation»?

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