Cycle « Corps et danse » - Deuxième année.
Dates: vendredi 7 mars 2014 - 14h-18h30
samedi 8 mars 2014 - 9h30-17h30
Lieu: Centre national de la danse, Pantin
Dans l’art de la danse, il paraît habituel de considérer le corps comme unité de mesure de la réalité. La notion de corps est bien sûr très vaste ; analysable de plusieurs points de vue, elle ouvre à une pluralité de perspectives. Nous souhaitons interroger le corps en tant qu’instrument de création et aborder ses évolutions à travers le temps, des scènes de danses de cour aux performances contemporaines (sur et hors de l’espace scénique). En se référant à l’idée de « corporéité » amenée par Michel Bernard, à l’idée de corps comme lieu du mouvement, décrite par Laurence Louppe, et en tenant compte des développements de la phénoménologie et des frontières de la philosophie actuelle, nous voulons nous concentrer sur ce corps qui est un territoire émotif, social, à la fois historique et politique. Le corps est un endroit multiple, une zone vaste à explorer tant comme objet de recherche (agissant et accomplissant lui-même l’action de recherche) que comme sujet singulier.
Le corps n’est pas une donnée permanente et transhistorique. Il est un corps se vivant comme expérience ; expérience de soi, des autres, du temps, de l’espace et du mouvement. C’est le corps, avec sa présence, qui crée l’espace. Il devient un créateur de nouvelles coordonnées spatiales et oblige aussi l’autre à une mutation de perception. Le corps du danseur, perpétuellement ancré dans un certain présent, peut être défini comme étant actuel, créateur d’action et d’interaction. Dans la perspective de la recherche en danse, le corps reflète notre mode contemporain de (nous) percevoir (dans) le monde. De ce fait, comment la qualité du corps et sa perception ont-elles évolué au sein des différents courants chorégraphiques ? Quels corps « fabrique » le chorégraphe au sein de la création et qu’en résulte-t-il dans la lecture critique de l’œuvre chorégraphique ?
Nous proposons une réflexion sur l’instrument « corps » que la danse partage avec d’autres disciplines, en questionnant ses relations avec la scène. Comment les différentes disciplines appréhendent le corps et son mouvement sur scène ? À quelles difficultés méthodologiques le chercheur qui veut s’emparer de l’objet danse doit-il faire face ? Quelles relations entretient-il avec ce qui relève du discours théorique et de l’approche pratique de la danse ? Afin d’aborder ces problématiques et ces questionnements méthodologiques, l’Atelier des doctorants en danse propose un cycle d’ateliers dédiés au corps dansant en relation avec la scène. Ces réflexions restent ouvertes et se nourriront de contributions portant sur des pratiques hétérogènes tant du point de vue chronologique que culturel et disciplinaire.
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Programme :
La journée du vendredi 7 mars sera entièrement dédiée à l’atelier théorique « Quels corps pour quelles scènes ? Le corps sur la scène et hors de la scène (part 2) ».
La matinée du samedi 8 mars sera consacrée au Labo du corps « Le corps en jeu entre théorie et pratique » animé par Alessandra Sini, chorégraphe et chercheur en danse (CTEL, université Nice Sophia Antipolis) et Claire Buisson, chorégraphe et Maître de Conférence (CEAC, université Lille3) Ce parcours d’expérimentation mêlera la pratique sensible du corps à un regard critique et une réflexion théorique. Il s’insère dans le programme du premier Atelier pour mettre en écho certaines des thématiques abordées.
L’après-midi du samedi 8 mars sera dédié à une discussion ouverte sur l’idée de performativité. Cette discussion, axée sur la question de la performativité des corps sur la scène et hors de la scène aura pour but de créer un lien entre l’atelier théorique et la pratique dansée du labo du corps de façon à faire dialoguer les deux moments et les deux dimensions de l’atelier. Il s’agira donc d’un temps d’échange ouvert autour du thème de la performativité.
Cet après midi de discussion nous donnera l’opportunité d’échanger en toute liberté pensées et questionnements pas encore aboutis, en traversant les parcours suggérés pendant ces deux journées et visera à faire le point et à clore ces deux journées.
Répondants et intervenants
Marina Nordera est professeur en danse et membre du Centre Transdisciplinaire d’Epistémologie de la Littérature et des Arts vivants (CTEL EA 6307) à l’université de Nice Sophia Antipolis. Après une carrière artistique, elle a obtenu un doctorat en Histoire et Civilisation à l’Institut Universitaire Européen de Florence avec une thèse sur danse et genre à l’époque moderne. Sa recherche et son enseignement portent sur l’histoire du corps et de la danse, en particulier à l’époque moderne et sur les méthodologies de la recherche en arts vivants. Elle a dirigé le Centre de recherche sur l’interprétation des textes en musique et dans les arts du spectacle (RITM EA 3158) de 2009 à 2011, elle est actuellement responsable de la Section Danse et du parcours Études en danse du Master Théories et Pratiques des Arts vivants. Parmi ses publications : avec Susanne Franco, Dance Discourses (Routledge, 2007) et Ricordanze. Memoria in movimento e coreografie della storia (UTET Università, 2010) ; avec Roxane Martin, Les arts de la scène à l’épreuve de l’histoire (Honoré Champion, 2011). Elle est membre fondateur de l’association italienne des chercheurs en danse AIRDanza et de l’ aCD (Association des Chercheurs en Danse).
Christine Roquet est maître de conférences au Département Danse de l’université Paris 8 Vincennes-St. Denis, responsable de la Licence Art du spectacle chorégraphique puis responsable du département Danse (2011-2013). Elle est membre de l’équipe de recherche EA1572 « Esthétique et création musicale, musicologie » dirigée par J.P. Olive. Elle se consacre à l’enseignement et à la recherche en danse depuis le vaste domaine de « l’analyse du mouvement ». Son domaine de prédilection est celui de l’exploration du champ complexe de l’interaction (intercorporéité). À la lisière entre théorie et pratique, l’approche systémique du geste expressif, initiée par Hubert Godard, est fondamentalement transdisciplinaire. Cette mise en travail du regard porté sur les œuvres et/ou sur les pratiques se double d’une recherche sur l’histoire, sur les fondements épistémologiques et sur les enjeux politiques de l’analyse du mouvement en France. Parmi ses publications : Fattoumi-Lamoureux, danser l’entre l’autre (Séguier, 2009) ; « De l’analyse du mouvement à l’approche systémique du geste expressif », DVD (Seminario internacional corpo cénico : linguagens o pedagogias, UNIRIO, 2011) ; « Méditations sur le porter », in Mobiles 2 (L’Harmattan, 2010) ; « Debout » et « Porter » in Glon M., Launay I., Histoires de gestes (Actes Sud, 2012).
Claire Buisson développe un parcours chorégraphique à travers la recherche théorique et performative. Sa démarche porte sur la corporalité, comme réalité quotidienne, sociale, poétique et performative. En 2009, elle crée dolce punto (D_P), une plateforme d’artistes et de recherche performative sur la corporalité. Elle a construit son parcours en danse par des workshops auprès de chorégraphes (Susan Buirge-Fondation Royaumont ; SNDO-Amsterdam ; Myriam Gourfink-CND Pantin ; Meg Stuart-Ponterosa Tanz Festival ; Carlo Locatelli-Micadanses Paris ; Benoit Lachambre-Atelier de Paris Carolyn Carlson). Depuis 2010, elle suit également une formation en Ashtanga Yoga et Pranayama auprès de Cécile Barra au CEFTY-Paris. Elle a étudié à l’université de Roehampton à Londres (Master of Dance Anthropology) et a ensuite réalisé un doctorat en Arts, mention Danse, sous la direction de Marina Nordera à l’université de Nice Sophia Antipolis. Elle enseigne dans différents contextes (formation au DE - CESMD Toulouse Midi-Pyrénées ; formation Extensions - CDC Toulouse ; laboratoire CORPO 10 - Rome, Turin, Tuscania, Naples). Depuis 2009, elle enseigne au sein du Parcours Danse de l’université de Lille 3, où elle est depuis 2012 responsable du Master Parcours Danse.
Alessandra Sini est doctorante en danse à l’université de Nice Sophia Antipolis, danseuse, enseignante et chorégraphe. Elle s’occupe des activités et des chorégraphies pour la compagnie « Sistemi dinamici altamente instabili ». Elle développe un parcours de recherche autonome concentré sur la transformation de la matière du corps et sur les espaces relationnels. Diplômée de l’Académie Nationale de Danse de Rome, elle obtient sa maîtrise en Arts et Sciences du Spectacle à l’université « La Sapienza » à Rome, avec une thèse sur la danse italienne contemporaine. Son projet de recherche actuel met en œuvre une approche de recherche novatrice sur l’histoire de la danse et sur la performativité et l’esthétique des arts contemporains. Le regard se focalise sur le corps et sur ses transformations dans la recherche chorégraphique italienne récente (1995/2010), en articulant une méthodologie qui croise la pratique artistique et le champ théorique au travers des outils transdisciplinaires. Elle fait partie des Associations « Core » et « Duncan 3.0 » pour la diffusion de la culture de la danse contemporaine, du réseau didactique « Scuolaroma », de l’Association des chercheurs « AIRdanza » et de l’équipe qui organise les « Ateliers des doctorants en danse » au Centre national de la danse.
Les ateliers sont organisés avec le soutien du Centre national de la danse par:
Beatrice Boldrin, doctorante en philosophie à Paris-Descartes (Paris 5),
Laurie Brunot, doctorante en arts du spectacle à Paris 3/Lille 3,
Alessandra Sini, doctorante en danse à Nice Sophia Antipolis
Pour joindre l’équipe de l’Atelier des doctorant:
doctorantsendanse@gmail.com
Pour joindre le service Recherche et répertoires chorégraphiques:
recherche.repertoires@cnd.fr