Butō & musique acousmatique : en chair & en son

Conférences-concerts-danse butô

Date: 23 et 24 octobre 2015
Lieu: Le cube, centre de création numérique (Issy-les-Moulineaux)
Deadline: 23 mars

Organisé par AEA (Aventures électro-acoustiques), L’Autre musique, Motus, EsPAS (Esthétique des arts de la performance_ ACTE Paris 1 Panthéon Sorbonne / CNRS umr8218), Le Cube, centre de création numérique les 23 et 24 octobre 2015.

Lorsque Tatsumi Hijikata et Kazuo Ōno créent le « Butō » dans le Japon des années soixante (chacun de leur côté comme nous le rappelle l’histoire), ils choisissent pour qualifier leur nouvelle approche de la danse, un terme qui désigne toutes les danses importées sur le territoire nippon. Dès lors, la danse Butō s’est définie, dès sa création, comme une danse de l’« autre », une « autre » danse, une danse de l’étranger. C’est dans cette altérité assumée que les danseurs Butō ont puisé les forces de leur rébellion contre l’ordre établi, et qu’ils ont rompu avec les arts vivants traditionnels japonais.

S’inspirant des pratiques artistiques modernes occidentales, de l’expressionnisme allemand au surréalisme, le danseur Butō est en quête de l’expression pure plutôt que de l’illustration des sentiments, et il propose des actions fortes plutôt que des images. À la même époque que le mouvement Gutaï, la danse Butō redéfinit la pratique de la danse et de la performance dans une approche pluridisciplinaire. Et, tout en se réclamant d’un « anti-art », les danseurs Butō affirment la matérialité concrète des corps et des actions en accord avec une introspection et une disponibilité au monde, ils encouragent le grotesque et le laid tout en assumant le rôle politique de leur création artistique, et sont volontiers vulgaires et provocateursmétamorphosant les gestes banals de la vie quotidienne. Scandaleux, animal, grimaçant et concret — il a les pieds sur terre comme le rappel l’idéogramme tō — le performeur Butō pense le corps comme une mémoire, un corps qui a la mémoire de toutes les cicatrices du monde et qu’il rend dans une méditation en actions.

La musique acousmatique s’est faite, elle aussi, d’une matérialité concrète : celle de son support. Les sons enregistrés, dont on ne distingue plus nécessairement la source, retrouvent un nouveau dynamisme dans une expressivité spatialisée portée par un ensemble de haut-parleurs. Une suite de métamorphoses électriques, faites de passages, de glissements ou de ruptures et de confrontations qui remettent sans cesse en chantier la question de l’écoute. Mais cet « art des sons fixés » (Michel Chion) questionne aussi l’enregistrement lui-même, ce corps-mémoire autrefois figuré par la bande ou le sillon du vinyle. Une rencontre et une réflexion entre la musique acousmatique et la danse Butō s’imposait donc. C’est en quelque sorte l’auscultation d’un « MA », c’est-à-dire d’une distance qui unit, comme l’imagine la pensée japonaise s’opposant à la distance occidentale, qui sépare, que ces rencontres veulent produire. D’une part, pour affirmer l’actualité de ces questions dans le champ de la création contemporaine, d’autre part pour démontrer la dynamique de réflexions et de créations que peut engendrer un rapprochement aussi « lointain et juste » que celui que nous proposons ici . Butō et acousmatique seront l’autre, l’un pour l’autre, dans une dynamique de découverte de l’un par l’autre, permettant de remettre en question nos idées reçues et de nourrir les disciplines convoquées.

Car, les journées de rencontres Butō et musique acousmatique sont uniques : elles associent aux spectacles vivants, des réflexions proposées par des chercheurs internationaux. Elles allieront aux spectacles et aux projections sonores des analyses organisées par l’équipe d’ Esthétique des arts de la performance et du spectacle vivant de l’université de Paris 1 (Institut ACTE, Panthéon-Sorbonne/CNRS umr8218) qui porteront sur les sujets suivants :

1. Les liens historiques et esthétiques entre la danse Butō et la performance contemporaine ;

2. Entre le son et la chair : penser les rapports entre le corps et le sonore ;

3. Corps-mémoire et support-mémoire : métamorphose et inscription ;

4. Esthétique et poïétique du laid, du grotesque et du vulgaire.

Appel à contribution_ colloque
Les propositions de communications comporteront entre 3000 et 6000 signes maximum. Le thème dans lequel la communication s’inscrit devra être précisé. Ce résumé inclura cinq mots clés, nom et prénom de(s) l’auteur(s), statut et institution, adresse électronique.
Les propositions seront envoyées exclusivement par courrier électronique, dans le corps du message ou en pièce jointe, à l’adresse suivante: contact(at)lautremusique(dot)net
Merci de préciser dans l’objet « appel à contribution-danse buto et musique acousmatique ».
Date limite de réception des propositions : 23 mars 2015.
Une réponse sera envoyée avant le 17 avril 2015. Les auteurs des communications retenues devront ensuite envoyer le titre définitif de la communication et un résumé(500motsmaximum) pour le 11 mai 2015.
Les articles dans leur version définitive feront l’objet d’une publication dans une mise à jour de la revue en ligne L’Autre musique #1 : Charnel. Ils accompagneront le compte-rendu du festival.
Appel à contribution_ Musique acousmatique/Danse Butō
Dans le cadre de ces premières rencontres « Danse Butō et musique acousmatique », nous recherchons des compositeurs de musiques acousmatiques et des danseurs Butō. Les musiciens et danseurs sélectionnés bénéficieront de 2 à 3 jours de répétition au Cube, centre de création numérique (Issy-les-Moulineaux). Les musiciens verront leur pièce interprétée sur l’acousmonium de la compagnie Motus. Les danseurs pourront choisir la pièce acousmatique avec laquelle ils veulent se produire lors du festival.
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