Exposés de recherche | Exposés de notation au CND

dates:  -
lieu:  CND (Pantin)

 

Seize projets de recherche et de notation ont bénéficié d’une aide à la recherche et au patrimoine en danse en mai 2015. Les chercheurs (chorégraphes, universitaires, pédagogues, notateurs, historiennes) présentent, à l’occasion de ces exposés, l’avancée de leurs travaux. Depuis 2010, ces travaux explorent des esthétiques aussi diverses que la danse hip-hop, le flamenco, le butô et le kathakali et approfondissent nos connaissances des danses historiques. Plusieurs projets analysent l’héritage artistique et pédagogique de grands artistes français, d’une manière transversale, et dans une perspective d’histoire culturelle, d’autres s’attachent à la question passionnante des répercussions des événements politiques sur les évolutions esthétiques.


Exposés de recherche

12.01

La danse « comique » et « grotesque » au XVIIIe siècle : étude et interprétation cinétique du Trattato teorico-pratticodi Ballo (1779) de Gennaro Magri

par Arianna Fabbricatore

Le Trattato de Gennaro Magri, danseur « grotesque » d’origine napolitaine, constitue l’unique description de la technique de la danse théâtrale en usage à la fin du XVIIIe siècle. Extrêmement précieux pour ce qu’il nous dit sur la danse de l’époque, ce traité demeurait jusque-là en grande partie inexploré. Comment lire et interpréter les pas de danse de Magri ? Le projet comporte une réflexion méthodologique sur la « traduction » des descriptions en mouvement et un travail théorique de contextualisation sur la différence entre danse sérieuse et danse comique, sur l’influence de la danse française sur la danse italienne, en faisant appel aux sources théoriques de l’époque.

 

La danse de caractère ou « ces personnages qui dansent »

par Nadejda Loujine

S’agit-il de danses folkloriques russes, d’un corpus de danses d’« assauts », de danses traditionnelles, de la Provence ou du Pays basque, portées à la scène ? Si la notion de « caractère » est mentionnée dans de nombreux ouvrages anciens, il reste à interroger à la fois la fonction et la symbolique profonde de cette forme de danse théâtrale apparue au milieu du XVIIIe siècle. Est-elle seulement destinée aux danseurs petits, trapus, voire boiteux ? Répond-elle à une volonté de valorisation de la belle danse ? Expose-t-elle une transgression de la norme ? Un besoin de divertissement ? Ce projet s’attelle à la question de la construction d’un personnage de « ballet », son corps et ses codes.

 

Marius Petipa (1818-1910). Écrits personnels, livrets, notes de mise en scène

par Pascale Melani

Dans la perspective du bicentenaire de la naissance de Marius Petipa, ce projet rassemble les écrits majeurs du grand chorégraphe franco-russe, qui a fixé les règles du ballet académique et laissé à la postérité une soixantaine de créations. La publication, en deux tomes, comprendra les journaux de Marius Petipa et la version française de ses mémoires, dont les manuscrits autographes sont conservés en Russie. Pensée pour être l’édition de référence de ces écrits, accompagnée d’une présentation et d’outils critiques à destination des chercheurs, elle proposera au grand public et aux spécialistes francophones la version originale la plus complète possible de ces textes rédigés en français, et qui sont depuis longtemps accessibles en traduction russe, allemande et anglaise, sous une forme tronquée. Le manuscrit étant incomplet, une nouvelle traduction des pages manquantes a été réalisée, à partir de l’édition russe, par Pascale Melani.

 

19.01

Le kathakali aujourd’hui en Inde, transmission et représentation

par Michel Lestréhan

Fruit de plusieurs traditions (le théâtre sanskrit, l’art martial kalarippayatt, certains rituels de transe), le kathakali, cette grande forme de théâtre dansé en Inde et en Asie qui s’est développée au XVIIe siècle au Kerala (Inde du Sud), a su conserver son classicisme et sa popularité en associant les traditions locales. Portant sur un état des lieux actualisé du kathakali, cette recherche, qui comporte une introduction historique, symbolique et technique, interroge les spécialistes de cet art sur sa transmission, son répertoire, sa diffusion, son évolution, ainsi que les perspectives de sa perpétuation. Nouant théorie et pratique, l’exposé comporte la projection sous-titrée d’un extrait de répertoire interprété par le danseur maquillé et costumé Peeshappilly Rajeev, montrant la manière dont se structure la chorégraphie sur plusieurs niveaux de langage et d’expression.

 

Mémoire(s) : les corps Flamenco empirique

par Carolane Sanchez

Réflexion sur l’archive visuelle en danse, cette recherche porte sur les images non-publiques des séries d’improvisations réalisées dans le cadre du festival Flamenco Empirico et conservées par le théâtre Mercat de les Flors à Barcelone. Orchestrées par Juan Carlos Lérida, directeur du festival, celles-ci se sont déroulées à une époque où le flamenco ne disposait pas d’espace ouvert à l’expérimentation. Adossée à la réalisation d’entretiens avec les artistes-participants, la recherche questionne l’introduction de cette pratique de l’improvisation pour mieux en cerner « l’avant-après » expérientiel et interroger la mémoire gestuelle.

 

Project Breakalign : création d’une méthodologie pour réduire les blessures des breakers/danseurs

par Nefeli Tsiouti

Observant la haute fréquence des blessures chez les breakers, ce projet vise à créer une méthodologie basée sur des exercices de conditioning (préparation physique). Celle-ci émerge à la suite d'une recherche en laboratoire (plaque de pression, électromyogramme et autres outils) portant sur l'évaluation de la relation entre la fatigue, la répartition du poids et la force de réaction du sol en break, en s’attachant à des notions d’équilibre, de stabilité et de mobilité. Elle s'appuie également sur une étude portant sur la demande cardiovasculaire et les conditions (fitness) cardiorespiratoires de breakers. Une équipe constituée d'experts du milieu médical (médecine de la danse, kinésithérapie...) a mis en place la « Breakalign Method », un programme de préparation physique, développé pas à pas, basé sur une analyse biomécanique des mouvements du break et sur l'analyse physiologique des exigences de cette forme d'art. Basée sur le break, la « Breakalign Method » peut être enseignée à des danseurs de tous styles de danse, en particulier, ceux qui utilisent un travail au sol, et à tout danseur exposé au risque de blessures sur les membres inférieurs.

 

26.01

L’impact de la guerre froide sur les développements internationaux de la danse de 1945 aux années 1960

par Annie Suquet

Selon une approche culturaliste, qui articule les enjeux contextuels artistiques, sociaux et idéologiques qui trament l’histoire internationale de la première moitié du XXe siècle, cette recherche interroge les répercussions des événements politiques sur les évolutions esthétiques, sociales et institutionnelles des pratiques dansées (lignes esthétiques, chances d’épanouissement ou survie selon qu’elles se développent à l’Est ou à l’Ouest), de la Révolution russe de 1917 à la Seconde Guerre mondiale, et jusqu’aux années 1960, période où s’amorce la « détente » de la guerre froide, en même temps que l’essor des mouvements de contre-culture.

 

Éclats (1975) de Françoise Dupuy – carnet pédagogique, sources pour une danse à venir

par Isabelle Dufau et Laurence Saboye

Dans un désir de transmission large, ce carnet présente la matière chorégraphique de la danseuse, chorégraphe et pédagogue Françoise Dupuy, figure essentielle de la danse moderne française. À partir de son œuvre emblématique Éclats, créée en 1975, il apporte des outils de réflexion et d’analyse pour l’enseignement, la création ou la recherche, reliant toujours pratique et théorie. L’héritage rythmique d’Émile Jaques-Dalcroze, la pensée d’Isadora Duncan sur la relation danse-musique, l’utilisation des tambours à main révèlent la singularité d’une œuvre et d’un langage dont l’approche permet d’interroger ces éléments qui ont présidé à l’élaboration de la danse moderne : la respiration, le pas, la frappe, la pulsation, la tension et la détente, le cercle, la diagonale, la spirale...

 

The World as your Teacher Enseignements du butô par Yoshito Ohno

par Ana Rita Teodoro

Que se passe-t-il dans un studio de danse où l’on enseigne le butô ? Cette étude envisage ici ce courant chorégraphique contemporain d’origine japonaise comme une pratique d’enseignement, une discipline qui permet de travailler la corporéité, où la matière du travail pour le danseur repose sur la perception et l’imaginaire associés à des mots. Portant en partie sur la méthodologie de composition chorégraphique de son créateur Tatsumi Hijikata (1928-1986) construite autour de butô-fu (« partitions-poèmes ») et Kazuo Ohno (1906-2010), cette étude comporte une collecte des pratiques d’enseignement du butô par Yoshito Ohno dans le Kazuo Ohno Dance Studio au Japon.

 

2.02

Manuel d’utilisation et de compréhension de la composition en temps réel

par João Fiadeiro, Paula Caspão et David-Alexandre Guéniot

Concluant une période d’une vingtaine d’années de tâtonnements théoriques et pratiques pendant laquelle le chorégraphe portugais João Fiadeiro a expérimenté et progressivement systématisé une méthode en circonscrivant les champs d’application, ce manuel se présente comme un précis théorique et pratique de l’acte créatif qui trouve son origine dans l’improvisation en danse et l’écriture dramaturgique appliquée à des objets performatifs. Inhibant la volonté de s’imposer ou la capacité à manipuler les événements, la composition en temps réel consiste à faire en sorte que la tension, l’équilibre et le potentiel de la situation dans laquelle le performeur se trouve se prolongent aussi longtemps que possible.

 

Pour mémoire. Odile Duboc : archives, mémoire et création

par Françoise Michel, Julie Perrin et Agathe Pfauwadel

Ce projet, porté par le souci de la mémoire de l’œuvre d’Odile Duboc, propose une forme d’analyse du fonds d’archive Odile Duboc déposé au CN D en 2010. La plongée dans l’archive, la sélection et la mise en regard de certains documents ont été le ressort de l’essentiel des échanges, engageant et confrontant trois points de vues sur l’œuvre et le document. L’enjeu de ce projet est d’une part de proposer une forme de lecture de l’archive à partir de l’élaboration d’un inventaire condensé de l’archive et d’un commentaire détaillé de son contenu. D’autre part, il vise à la création d’un site internet mettant en valeur certains documents réinterrogés au présent par des artistes.

 

Something is happening

par Carole Boulbès et Judith Perron

Quels rapports les chorégraphes entretiennent-ils avec les performances historiques qui se sont succédées au XXe siècle, en Europe et aux États-Unis ? Réfléchissant aux liens entre danse et performance, l’étude porte sur les pratiques actuelles de la danse en les confrontant à l’histoire de la performance ou du happening, en recueillant les réactions de différents artistes à un manifeste de Wolf Vostell (l’un des pionniers du happening et du mouvement Fluxus), qui livre différentes définitions et aborde des points aussi différents que la commercialisation de la performance, la répétition, la prise de risque, la participation du public...

 

Exposés de notation

23.02

Four Elements (1990) & Canto Ostinato (2015), deux pièces de Lucinda Childs

par Fabien Monrose

Réalisées en notation Benesh, ces partitions de deux chorégraphies de Lucinda Childs Four Elements (1990) pour huit danseurs, remontée en 2014 avec la Rambert Dance Company, et Canto Ostinato (2015), création pour quatre danseurs de la compagnie Introdans exposent la singularité de la composition de la chorégraphe américaine, ses partis pris radicaux quant à l’espace et au temps, ainsi que le jeu combinatoire des différentes structures de ses chorégraphies Lucinda Childs réalisant elle-même des partitions où le mouvement lui-même n'est jamais représenté. Chacune comporte, en introduction, une forme de glossaire stylistique.

 

Nata Lux (2000) : un trio de Bernard Glandier (extrait)

par Romain Panassié

Réalisée en notation Benesh, cette partition chorégraphique portant sur les quinze premières minutes de Nata Lux, trio féminin chorégraphié par Bernard Glandier en 2000, prolonge un travail de réalisation d’un recueil de notes et de documents annexes (textes, vidéos...). Jouant des contrastes et nuances entre différentes qualités de mouvement, la pièce déploie une certaine qualité de présence qui conjugue simplicité, écoute et juste degré de tonicité. De sorte qu’un chant intérieur soutienne l'interprétation de chaque danseur.

 

Almasty (2015), chorégraphie de Myriam Gourfink

par Amandine Bajou

Ce projet de notation de la chorégraphie de Myriam Gourfink, Almasty (2015), met à jour l’extrême finesse d’exécution et la grande précision requises auprès de ses interprètes, la chorégraphe recourant elle-même aux outils conceptuels de la notation Laban pour élaborer, pour chacune de ses pièces, une partition de départ faite de contraintes spatiales et gestuelles, partition définissant geste par geste une succession de chemins à investir corporellement. Ce faisant, la notation d'une telle pièce propose des solutions aux problématiques notationnelles sous-jacentes – notamment quant à l’extrême lenteur d’évolution des danseurs et quant au jeu subtil des glissements de poids d'un appui à l'autre dans le travail de sol.

 

Écrire le cirque comme une partition

par Katrin Wolf

Ce projet propose de créer un outil de transcription spécifique aux techniques du cirque en développant la notation Benesh. Il s’agit, pour commencer, de noter des numéros du spectacle de fin d’études de la 27e promotion au Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne en faisant ressortir les composantes et les caractéristiques significatives de certaines pratiques : propulsion et voltige, relations artiste-objet, utilisation verticale de l'espace, évolution en ascension et en descente de figures statiques et dynamiques, figures de force, enroulés et lâchés, manipulation d’objets.


À voir aussi

Exposition Décentrement « Je me décentre » Alwin Nikolais

9.01 > 3.02

Espace d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 10h30 à 19h et les soirs de spectacle jusqu’au début de la représentation

En parallèle à la présentation publique de travaux de recherche et de notation, cette exposition présente les ressources générées par un projet en deux volets de la chorégraphe Dominique Rebaud : « Le concept nikolaïen de “décentrement”: analyses, présences et variations » et « Le décentrement à l’œuvre dans la création collective des années 1970-1980 ».

 

Informations pratiques

12, 19, 26.01 & 2.02 : Exposés de recherche

23.02 : Exposés de notation

14h

Centre national de la danse (Pantin)

Entrée libre sur réservation