Histoire du corps, objets, méthodes

Séminaire d'anthropologie historique

Date: du 13/11/2014 au 28/05/2015
Lieu: EHESS (105, bd Raspail, 75006 - Paris)

Le corps a longtemps été « oublié » par les historiens. Les sciences sociales pourtant en ont révélé l’importance et la profondeur.
Son originalité est d’être à la croisée de l’enveloppe individuelle et de l’expérience sociale. Ses objets s’étendent des investissements les plus sensibles aux représentations les plus « travaillées ». Comment entendre pourtant, dans son trajet historique cette notion de corps qui relève de sciences et de regards différents ?
Le séminaire s’attachera d’abord à affronter ces épistémologies hétérogènes, celles validant les approches de sciences biologiques autant que les approches de sciences humaines. Il s’attardera aux points de rencontres possibles : la manière par exemple dont certains imaginaires culturels nourrissent des modèles croisant les deux champs et donnant une relative unité à l’objet.
Le séminaire s’attachera surtout à montrer comment « des » objets concernant le corps (longtemps négligés ou conçus comme a-historiques) peuvent concrètement être construits dans le travail de l’historien, devenus susceptibles de révéler ruptures et changements temporels, comme ruptures et changements culturels. Les exemples sont nombreux à cet égard. Limitons-nous à quelques-uns d’entre eux : les formes du corps par exemple varient avec le temps comme varient les investissements à leur égard, les explications de leurs structures, celles de leur mode d’acquisition (l’obésité en étant une illustration parmi bien d’autres) ; la vision de l’« activité » aussi change, dans la représentation de ses « fonctionnements » (le moteur, les mécanismes, les dispositifs…) comme dans celle de ses effets. Il n’est jusqu’à la perception intime du corps qui peut être soumise à l’interrogation de l’historien : les modes de notation dont elle est l’objet, l’importance qui lui est attribuée, les indices qui en sont retenus. L’histoire du corps, dans ce dernier cas, devient tout simplement l’histoire du sujet.
Quelques grandes représentations « unifiantes », enfin, sont  repérables à chaque époque. Elles concernent le fonctionnement du corps, la vision de ses qualités, celle de ses efficacités. Elles ont une histoire. Ce sont elles qui peuvent « rassembler » des pratiques diverses. Ces sont elles qui justifient une « histoire du corps ». C’est vers cet effort de synthèse que s’orienteront les préoccupations de recherche et d’enseignement, à partir de séries de livres, à partir d’images aussi, et d’exemples les plus concrets.

Le programme du premier semestre:

13 novembre : Introduction. Georges Vigarello, Thierry Pillon

20 novembre : Penser l’espace de travail. Thierry Pillon

27 novembre : La toilette et les arts visuels, réinventer l’espace. Georges Vigarello

4 décembre : La toilette et les arts visuels, réinventer le nu. Georges Vigarello

11 décembre : Freud, les défis d’une biographie. Elisabeth Roudinesco (Université de Paris VII)

18 décembre : Le regard, transformation d’un « sens externe ». Georges Vigarello

8 janvier :  Le corps propre et la pensée classique. Raphaële Andrault (Université de Lyon)

15 janvier : Michel Foucault et la pensée du corps. Ariana Sforzini (Université de Paris XIII)

22 janvier : Peurs anciennes, anxiétés contemporaines. Jean-Jacques Courtine (Université d’Auckland)

29 janvier : L’histoire de la perception du corps. Georges Vigarello

5 février : Expérimenter sur le sensible. F. Delaporte (Université d’Amiens)

12 février : Décrire le mouvement. Thierry Pillon, Georges Vigarello

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