Le sentiment de soi

Rencontre avec Georges Vigarello

Date: lundi 26 janvier 2015, à 18h30
Lieu: Agora cité internationale de la danse (salle Bejart / Agora) - MONTPELLIER

Rencontre avec GEORGES VIGARELLO à propos de son livre, Le sentiment de soi. Histoire de la perception du corps (Ed. Seuil), animée par MICHEL MIAILLE, président de Montpellier Danse.

Un livre ambitieux, extraordinairement sensible et évocateur, qui révèle les chemins par lesquels notre corps est peu à peu devenu central dans le sentiment de soi.

Le moi est aujourd’hui solidement ancré dans un corps auquel est portée la plus grande attention. Cette perception « physique » intérieure n’a pas toujours existé. Elle est née de lentes transformations engageant la manière même dont le sujet se perçoit. Les discours médicaux, la littérature comme les expériences concrètes, pratiques sportives ou de loisir, les révèlent.
Jusqu’au XVIIIe siècle, la sensibilité traditionnelle privilégiait les cinq sens – la vue, l’odorat, le gout, l’ouïe, le toucher –, tenus pour de simples messagers de l’âme, des vigies tournées vers l’extérieur. Le moi était circonscrit à la pensée et à l’esprit : « je pense, donc je suis ».
C’est dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qu’apparaît, dans les textes de Diderot ou de l’Encyclopédie, l’idée d’un sixième sens pour désigner les perceptions internes du corps. Cette conscience inédite du corps s’exprime dans des notions nouvelles comme celle du sentiment de l’existence. Le corps coïncide avec le moi : véritable révolution de la perception de soi, qui s’exprimera bientôt abondamment dans les journaux intimes.
Le XIXe siècle approfondit ces réflexions en s’interrogeant sur le rêve, la folie, l’effet des drogues, le somnambulisme. Le début du XXe siècle introduit plus qu’on ne le croit à la culture d’aujourd’hui : de la relaxation aux exercices de prise de conscience, de la détente au vertige, la conscience corporelle devient un lieu de vertige autant que d’approfondissement de l’intime.
Un parcours fascinant à travers l’histoire des représentations de l’intime.

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